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Papa, je t’ai en aversion
poème écrit par Mustapha EL OMARI le 19/09/2010

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Papa, je t’ai en aversion


Avoir un papa comme le mien est une malédiction du ciel.

Un père pour qui le verbe "dialoguer"
et ses dérivés ne figurent pas dans le dictionnaire.

Un papa pour qui la violence est l’unique moyen efficace pour éduquer ses enfants,
obtenir ce qu’il désire et dresser son épouse, maman chérie.

Depuis mon très jeune âge,
je devais avoir cinq ou six ans,
jusqu’à maintenant quarante ans,
je n’ai jamais entendu mon papa adresser correctement la parole à maman.

Il n’est pas un seul jour où la famille sourit,
même les jours de l’Aïd.

Papa n’arrêtait jamais de nous critiquer,
de nous frapper, de nous gronder, de nous insulter.

Il blasphémait notre mère, il la frappait souvent.

J’ai aujourd’hui quarante ans et papa en a soixante quatre ans,
il est malade, mais il n’a pas changé toujours la même violence,
le même entêtement, les mêmes bêtises, les mêmes conneries, la même tyrannie.

Il est toujours ce même papa méchant comme la gale, ce mari impitoyable.

Non! Il n’est pas pauvre, Il touche sa retraite,
il était fonctionnaire, il a ses maisons, ses terres.

Ce n’est pas de l’argent qui lui manque mais un bon caractère.

Il était là, toujours présent à nous contrôler,
à demander à nos enseignants si nous progressions ou non,
à nous châtier comme l’aurait fait un bourreau,
à nous martyriser chaque fois que nos notes ne dépassaient pas la moyenne.

Il nous achetait tout ce dont nous avions besoin
c’est vrai mais nous manquons de tendresse paternelle.

Il est des moments où je souhaitais être parmi les orphelins.

Nombreuses sont les fois où maman a tenté de se suicider,
mais, Dieu merci, elle n’avait jamais réussi à le faire.

Etant femme au foyer et ayant sept bouches à nourrir,
maman se trouva dans l’obligation de vivre avec ce mari cruellement inflexible.

Son entourage, ses frères lui demandaient d’être patiente
et ne pas demander le divorce pour ne pas gâcher la vie de ses enfants.

Ils ne savaient pas qu’au fond de notre tréfonds
nous souhaitions ne jamais voir ce père qui sème la terreur,
c’était mon souhait en tout cas.

Nous avons tous réussi nos études supérieures,
nous sommes tous des cadres supérieurs.

Mais notre seul complexe est notre père,
un père négatif, douteur, nerveux, têtu,
trop bavard, rancunier, violent, bref infernal.

Si c’était une dent, je l’aurais arraché,
si c’était un mari je m’en serais débarrassé,
si c’était une voiture je l’aurais vendue,
si c’était une maison je l’aurai abandonné,
si c’était un frère j’aurais changé mon nom de famille,
mais c’est mon papa et c’est mon grand malheur.

J’aurais bien aimé avoir un père dont ma fierté aurait été grande.
C’est mon papa et je ne peux rien y changer,
il m’arrive d’en vouloir à maman pourquoi elle ne l’avait pas quitté avant de faire sept enfants,
pourquoi elle n’avait pas demandé le divorce avant même de tomber enceinte pour la première fois.

Elle me répond toujours que Dieu a voulu que ce monsieur
soit mon papa et que personne ne peut braver la loi divine.

Quand papa me téléphone je réponds, même si je n’ai pas envie d’entendre sa voix,
par respect à ce que Dieu nous demanda de faire à l’égard de nos parents.

C’est méchant de parler ainsi de son père, me reprocherait le lecteur.

Je lui réponds tout de suite que "je" ce n’est pas "moi"…

Mustapha EL OMARI






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