Lettre à HELISE

Soudain, le trou se fait gouffre; le regret m’engloutit.
Gueule de l’ombre qui exhale le souffre et me punit,
Sèche les eaux de mon coeur, dépendant et meurtri,
Chasse à l’aube le paumé de la nuit endormi.

Naïveté infantile, démesure des propos,
Laisse couler beaucoup d’encre, des rivières de sanglots.
Je m’accroche à ma plume, je lui parle, je supplie.
“Permets-moi de me taire, pas à elle, c’est ma fille !”

“Entends-moi, réponds-moi, ne sois pas suffisante !”
“Je t’écoute mon ami... quelle histoire édifiante “
“Promets-moi de tout faire, ne soit pas si cruelle !”
“Retiens-toi, sois correcte, pas ces mots, pas à elle.”

“Tu m’ennuies à te plaindre; je suis plume, entends-tu ?”
“Je suis libre comme le vent; je te mène où je veux.”
“Mots d’amour ou de haine, pour les rois ou les gueux;”
“J’entretiens le mystère, je caresse ou je tue.”

J’ai compris la leçon. Je suis seul face à moi.
La feuille blanche qui m’angoisse, mon stylo réticent,
Les idées et les mots qui s’évadent sous mes doigts,
Mes paroles dérobées sur les pages du temps.

Confusion des idées. Sentiments et regrets.
Jusqu’aux noms j’ai sombré; jusque-là protégés.
Sans oser l’avouer, avec eux j’ai rêvé.
Sans pouvoir m’arrêter; ils étaient mes secrets.

J’ai rarement pu décrire à Denise mon bonheur.
J’ai tracé pour Hélène des mots tendres. J’avais peur.
Qui était ma compagne ? Qui en était le fruit ?
L’une était le miroir, l’autre l’image qui s’enfuit.

Ce poème ambigu vous rassemble à nouveau.
Il vous aime au pluriel; ne ment pas, ni divise.
A DENISE, à HELENE; je vous offre ce cadeau.
Cette sonate en duo, cette lettre à HELISE.

Papillon_noir

Nota: L'orthographe du nom HELISE est volontaire et non une coquille ou une faute impardonnable.