Victor Hugo et moi
La première strophe et de Victor Hugo, les autres de moi.
1er janvier Victor Hugo puis moi
Enfant, on vous dira plus tard que le grand-père
Vous adorait ; qu'il fit de son mieux sur la terre,
Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux,
Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux,
Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses,
Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses ;
Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément ;
Que, dans l'hiver fameux du grand bombardement,
Il traversait Paris tragique et plein d'épées,
Pour vous porter des tas de jouets, des poupées,
Et des pantins faisant mille gestes bouffons ;
Et vous serez pensifs sous les arbres profonds.
Les temps n’ont pas changé, la ville est pauvre et sale.
Certains n’ont à leurs pieds qu’une seule sandale
Et dorment dans la rue où s’abîme leur teint
Jusqu’au douloureux soir où leur monde s’éteint.
Rien n’empêche le vieux, le doyen, le grand-père
D’acheter le jouet pour l’enfant qui l’espère
Afin que celui-ci connaisse le bonheur
De Noël et qu’il ait des battements de cœur.
Les pantins ne sont plus endimanchés de laine,
C’est le peuple complet qui s’étrangle de haine
Car il est revêtu de serments en chiffons !
Et vous êtes pensifs sous les arbres profonds.
Ces sapins que l’on voit mourir dans la demeure
Où le vieux patiente après sa dernière heure
Mais s’amusant encor du rire des enfants
Déballant leurs cadeaux en gestes triomphants ;
Le grand-père a donné ce qu’il a de tendresse
Mais voici que, bientôt, il va changer d’adresse
Pour loger à l’endroit où n’est pas la lumière,
Un appartement froid dedans le cimetière.
Il va quitter la vie et s’en aller pour voir
Si la mort peut offrir un quelconque pouvoir !
Joyeux enfants, jouez loin de tous ces bas-fonds
Et soyez moins pensifs sous les arbres profonds.
Profitez de ce temps vous offrant l’aventure,
Vous verrez le printemps où jouit la nature,
Les fleurs, les arbres verts, le bleu du ciel et l’eau ;
Comment peut-on rêver d’un plus joli tableau !
Sur le buffet en bois, vous verrez le grand-père
Sourire et vous aurez comme point de repère
Sa mémoire en couleurs, son visage serein
Comme au temps où son cœur était un souverain ;
Souvenez-vous de lui, c’était un homme sage
Qui sut vous apporter le plus tendre message,
Seuls l’amour et les cieux n’ont jamais de plafonds ;
Et vous serez pensifs sous les arbres profonds.
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