Dans le coin sombre d'une cage d'escalier
Une silhouette se tenait là cachée
Je m'en suis approché pour mieux la distinguer
Elle m'a demandé si je voulais goûter
Au gros cigare qu'elle venait d'allumer
Dans mon état normal j'aurais bien refusé
Cependant mes poumons étaient déjà gonflés
D'une épaisse fumée qui m'avait envoûté
"C'est une potion d'amour et de volupté
Qui va rapidement vous faire chanceler
Vous n'aurez qu'à longer les murs de ma pensée
Le parfum du désir est là pour vous guider"
Je me suis retrouvé dans un monde fermé
Où seul le fastueux avait son droit d'accès
Je respirais un air du plus haut des sommets
Aussi pur que ces femmes qui me souriaient
L'une avait le doux chant de la divinité
Elle me soufflait que je trouverai la clef
De l'amour éternel que j'ai tant recherché
Une autre laissait glisser ses doigts de Morphée
Sur mes joues vierges de caresses bien-aimés
Mes yeux rêveurs ont bien fini par s'incliner
Devant ce paysage où tout est sublimé
J'ai fini par me réveiller... Ma tête était
Une toupie que Sisyphe faisait tourner
Mon pauvre et frêle coeur en avait la nausée
Aussi mon âme a-t-elle failli se dissiper
Lorsqu'à l'évidence j'ai fini par marcher
À nouveau sur le sol de la réalité
Où les pas sont lourds et le cerveau un jouet
Animé par le système "tout consommer"
Il existe une échelle où les grands pour grimper
Font payer aux petits les pièces détachées
Pour atteindre un sommet plus haut que l'apogée
Les grands de ce monde ont les poumons tuméfiés
Par un nuage épais qui leur font oublier
Qu'ici ce sont les petits qui tiennent les pieds
De leurs échelles faites de leurs mains usées
La terre a accueilli tant de vies épuisées
Qui n'ont eu pour butin que des cendres tombées
Des cigares pompés par ceux dont notre chair
Leur sert à édifier leurs gros cocons prospères
C'est un chant général à propager dans l'air
J'implore Neruda, les peuples de naguère
À faire jaillir leur sang comme un seul geyser
Visant plus haut que tout puis entourant la sphère
Pour enfin faire pleuvoir sa force guerrière
Sur nos fronts vigoureux comme ils l'étaient hier
Les peuples morts pour nous ont fini leur affaire
Il ne nous reste qu'à entonner le même air
Si nous prenons l'élan et sautons de concert
Le temps sera venu du tremblement de terre
Qui fera s'écrouler les "grands" de l'univers
Et donnera la voie aux peuples salutaires !
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